Georges Izambard

Georges Alphonse Fleury
Izambard est né le 11 décembre 1848 à
paris. Sa mère meurt du choléra en 1849, et son
fils cadet sera en conséquence élevée
à Douai par une famille amie, les soeurs Gindre (Rose-Marie
née en 1822, Isabelle en 1823, Henriette en 1826 et Caroline
en 1831), qu'il appelait ses
« tantes ». Georges y resta
jusqu'à l'âge adulte. Il fit ses études
au lycée de Douai, puis à celui de Lille et fut
reçu bachelier ès lettres en août 1866.
En juillet 1868 il obtint la licence ès lettres.
Il était
atteint de déficience auditive.
Le 15 septembre 1868 il
fut nommé professeur de seconde et de rhétorique
au lycée d'Hazebrouck.
Surnommé -
évidemment - Zanzibar
par ses élèves.
Suite à des
rapports défavorables, il n'est pas reconduit dans ses
fonctions et est nommé suppléant au
lycée de Charleville, où les rapports
défavorables le suivent.
Un incident m'oblige à vous
entretenir confidentiellement de certaines imprudences de M. Izambard.
Ayant appris, il y a trois mois environ,
que ce jeune professeur avait assisté à deux bals
publics (celui des pompiers et celui de l'Orphéon), qu'il y
avait dansé beaucoup, et notamment, à son insu
sans doute, avec des jeunes filles dont la réputation est
loin [d'être] établie avantageusement, je
l'appelai dans mon cabinet et tâchai de lui faire comprendre
combien nous avons besoin de nous tenir constamment sur nos gardes. Je
lui dis, entre autres choses, que les habitants d'Hazebrouck
n'admettent pas que les professeurs du collège paraissent
dans un bal public, encore moins qu'ils y dansent; que du reste cela ne
s'était pas vu ici depuis que je suis principal et que je le
priai de vouloir bien s'abstenir de ce genre d'amusement. Il me
répondit: « je vous remercie M. le
Principal de m'avoir prévenu, et je vous promets de me
conformer à vos désirs sous ce
rapport. » Or, depuis ce jour, deux autres bals ont
eu lieu à Hazebrouck dont un dimanche dernier et c'est
aujourd'hui même qu'une ouvrière m'a dit avoir
été engagée à la danse par
M. Izambard et l'avoir vu les deux fois.
[...] D'autres causes concourent
à aggraver cette situation d'abord il est bien imprudent
dans ses paroles, il m'a été signalé
sur ce point par un homme tout à fait sérieux
attaché lui-même à
l'Université et prenant ses repas au même
hôtel que lui [...] Il met rarement le pied à
l'église et vous ne devez pas ignorer, M. le Recteur combien
ce fait est remarqué à Hazebrouck.
[...] II me paraît capable sous
le rapport des connaissances, mais en ce qui concerne la discipline, il
est extrêmement faible. Il est trop familier avec ses
élèves et cette familiarité nuit
beaucoup à son succès. Il n'a parfois que trois
ou quatre jeunes gens dans sa classe, et bien des fois j'ai
dû intervenir afin de faire cesser les désordres
qu'ils commettaient devant lui ou de punir de grossières
impolitesses qu'il ne pouvait empêcher.
[...] A cause de son peu de
fermeté en discipline et de sa surdité, et aussi
à cause de l'impression peu avantageuse qu'il doit
déjà avoir produit pour les motifs ci dessus, je
ne vous demande pas le maintien de ce professeur pour
l'année prochaine.(Extraits
du rapport du principal du collège d'Hazebrouck au recteur
d'Académie, le 28 avril 1869)
Ce jeune professeur est intelligent; il ne
manque de goût ni d'entrain et ses corrections accusent des
connaissances. Il est malheureusement atteint d'une
infirmité qui paralyse en grande partie ses bonnes
qualités, il est sourd, et la discipline se ressent
énormément d'un état qui ne peut que
s'aggraver. Les classes sont ici nombreuses et il me paraît
difficile qu'il puisse se maintenir dans une position qui
réclame le libre exercice de toutes les facultés.
(Rapport d'un inspecteur
d'Académie, premier semestre 1870)
M. Izambard, Monsieur le Ministre, est un
jeune fonctionnaire instruit, intelligent, actif mais il n'a pas encore
toute l'expérience désirable, et c'est
à son défaut d'expérience, sans doute,
qu'on doit attribuer certains actes de
légèreté qui ont provoqué
contre lui les plaintes de quelques familles.
J'ajoute que, le collège de
Charleville étant fréquenté par les
élèves du Séminaire, il importe que
les professeurs soient à l'abri de toutes espèces
d'accusations, fussent-elles même quelquefois mal
fondées. (Note
du recteur Fleury au ministre, le 22
avril 1871)
Il semble avoir
été étonné par la
précocité du jeune poète et lui ouvre
sa bibliothèque, l’initiant notamment aux
poèmes parnassiens, lui permettant aussi de lire Hugo,
Helvetius, Rousseau,...
Lorsque Rimbaud
s’échappe vers Paris et est
arrêté par la police, c’est Izambard
qu'il appelle à l’aide. C’est encore
dans la famille d’Izambard que Rimbaud trouve refuge
à Douai,
où il recopie ses poèmes dans les fameux
« cahiers », confiés ensuite
à Paul
Demeny, poète ami du
professeur.
Destinataire en mai 1871 de
la
première des deux lettres du voyant,
Izambard était déjà
éloigné de Rimbaud, autant que Rimbaud de lui et
de ce qu'il représentait.
Izambard dut assez vite
quitter l'enseignement, se consacra d'abord au journalisme, puis
à des recherches bibliographiques. Il entreprit, sans
succès autre que d'estime, une carrière
d'inventeur, s'intéressant aux rayons X et au
cinéma. Il eut une vie assez nomade, habitant successivement
à Cherbourg, Argentan, Caen, Agen, dans la Meuse, l'Eure,
les Hautes-Alpes, le Nord et Paris. Il fut pendant longtemps le
président de l'association « Les Amis de
Verlaine ».
Atteint
d'hémiplégie, Izambard meurt en
février 1931.
Lors de sa mort, le
manuscrit de son livre de souvenirs, Rimbaud
tel que je l'ai connu, n'est pas
achevé et est seulement constitué de notes
éparses. Son fils Pierre et son ami Henry Bouillane de
Lacoste en firent le livre que l'on connaît aujourd'hui et
qui ne fut publié qu'en 1946.
Lettres
de Rimbaud à Izambard
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