Cher Monsieur,
Ce que vous me conseilliez de ne
pas faire, je l'ai fait : je suis allé à Paris,
quittant la maison maternelle ! J'ai fait ce tour le 29 août.
Arrêté en descendant
de wagon pour n'avoir pas un sou et devoir treize francs de chemin de
fer, je fus conduit à la préfecture, et, aujourd'hui,
j'attends mon jugement à Mazas ! oh ! - J'espère
en vous comme en ma mère ; vous m'avez toujours
été comme un frère : je vous demande
instamment cette aide que vous m'offrîtes. J'ai écrit
à ma mère, au procureur impérial, au commissaire
de police de Charleville ; si vous ne recevez de moi aucune
nouvelle mercredi, avant le train qui conduit de Douai à Paris, prenez
ce train, venez ici me réclamer par lettre, ou en vous
présentant au procureur, en priant, en répondant
de moi, en payant ma dette ! Faites tout ce que
vous pourrez, et, quand vous recevrez cette lettre, écrivez,
vous aussi, je vous l'ordonne, oui, écrivez à
ma pauvre mère (Quai de la Madeleine, 5, Charlev) pour
la consoler. Écrivez-moi aussi ; faites
tout ! Je vous aime comme un frère, je vous aimerai comme
un père.
Je vous serre la main