XVI

Apres qu'un tems la gresle et le tonnerre
Ont le haut mont de Caucase batu,
Le beau jour vient, de lueur revétu.
Quand Phebus ha son cerne fait en terre,

Et l'Ocean il regaigne à grand erre :
Sa soeur se montre avec son chef pointu.
Quand quelque tems le Parthe ha combatu,
Il prent la fuite et son arc il desserre.

Un tems t'ay vù et consolé pleintif,
Et defiant de mon feu peu hatif :
Mais maintenant que tu m'as embrasee,

Et suis au point auquel tu me voulois :
Tu as ta flame en quelque eau arrosee,
Et es plus froit qu'estre je ne soulois.

 

16

Après qu'un temps la grêle et le tonnerre
ont battu le haut mont du Caucase,
le beau jour vient, revêtu de lumière.
Quand Phébus a fait le tour de la terre,

et qu'il regagne l'Océan à grande vitesse :
Sa soeur se montre avec sa tête pointue.
Quand le Parthe a combattu quelque temps,
il prend la fuite et il décoche une flèche.

Il y a quelque temps, je t'ai consolé dans ta détresse
et tu me reprochais la tiédeur de mes sentiments :
mais maintenant que tu m'as embrasée,

et que je suis au point auquel tu me voulois :
tu as arrosé ta flamme d'un peu d'eau ,
et tu es plus froid que je n'étais.

 

Ce poème est le second de la page 118 des Oeuvres de 1555.

Versification
  • abba-abba-ccd-ede
  • Décasyllabes
  • Rimes masculines : b, c, d
  • Rimes riches : c, e
Vers 4 : Phébus est le soleil ; sa soeur (v. 6) est la lune, dont l'aspect évoque une tête, que ses quartiers rendent pointue.

Vers 5 : Pour les Anciens, le soleil plongeait dans la mer, à l'Ouest le soir.

Vers 7-8 : Les Parthes avaient la réputation de décocher une flèche en faisant retraite. Cette tactique surprenante était très meurtrière.