La Réforme

 

La Réforme est un mouvement religieux initié en Allemagne par Martin Luther (1483-1546) puis en France et à Genève par Jean Calvin (1509-1564). Il s'agit d'une critique du catholicisme romain qui aboutit à la création de la religion protestante.

Documents sur la Réforme à Lyon

Calvin

Portrait de Calvin

Confession de Foi des Églises Réformées de France,
dite « Confession de La Rochelle », 1571.

1.
Nous croyons et confessons qu'il y a un seul Dieu (Dt 4.35, 39; 1 Co 8.4, 6), qui est une seule et simple essence (Gn 1.3; Ex 3.14) spirituelle (Jn 4.24; 2 Co 3.17), éternelle (Rm 1.20), invisible (1 Tm 1.17), immuable (Ml 3.6; Nb 23.19), infinie, incompréhensible (Rm 11.33; Ac 7.48; 17.23), ineffable, qui peut toutes choses (Jr 10.7, 10; Lc 1.37), qui est toute sage (Rm 16.27), toute bonne (Mt 19.17), toute juste (Jr 12.1; Ps 119.137), et toute miséricordieuse (Ex 34.6-7).

2.
Ce Dieu se manifeste tel aux hommes, premièrement par ses oeuvres, tant par la création que par la conservation et conduite d'icelles (Rm 1.19-20). Secondement et plus clairement par sa parole (Rm 15.4; Jn 5.39; He 1.1), laquelle au commencement révélée par oracle (Gn 15.1; 3.15; 18.1), a été puis après rédigée par écrit ès livres que nous appelons Écriture Sainte (Ex 24.3-4; Rm 1.2).

5.
Nous croyons que la parole qui est contenue en ces livres est procédée de Dieu (2 Tm 3.16-17; 1 P 1.11-12; 2 P 1.20-21), duquel seul elle prend son autorité et non des hommes (Jn 3.26-31; Jn 5.33-34; 1 Tm 1.15). Et d'autant qu'elle est règle de toute vérité contenant tout ce qui est nécessaire pour le service de Dieu et notre salut (Jn 15.15; Jn 20.31; Ac 20.27), il n'est loisible aux hommes, ni même aux anges, d'y ajouter, diminuer ou changer (Dt 4.2; 12.32; Ga 1.8; Pr 30.6; Ap 22.18-19). Dont il s'ensuit que ni l'antiquité ni les coutumes, ni la multitude, ni la sagesse, ni les jugements, ni les arrêts, ni les édits, ni les décrets, ni les conciles, ni les visions, ni les miracles ne doivent être opposés icelle Ecriture Sainte (Mt 15.9; Ac 5.28-29). Ainsi au contraire toutes choses doivent être examinées, réglées et réformées selon icelle (1 Co 11.2, 23). Et suivant cela nous avouons les trois Symboles, savoir des Apotres, de Nicée et d'Athanase, parce qu'ils sont conformes la parole de Dieu.

12.
Nous croyons que de cette corruption et condamnation générale en laquelle tous hommes sont plongés, Dieu retire ceux lesquels en son conseil éternel et immuable il a élus par sa seule bonté et miséricorde en notre Seigneur Jésus-Christ, sans considération de leurs oeuvres (Jr 1.5; Rm 8.28-30 et tout le ch. 9; Ep 1.4-5; Rm 3.28; 2 Tm 1.9; Tt 3.5), laissant les autres en icelle même corruption et condamnation, pour démontrer en eux sa justice (Ex 9.16; Rm 9.22; 2 Tm 2.20), comme ès premiers il fait luire les richesses de sa miséricorde (Ep 1.7; Rm 3.22-23; 9.23). Car les uns ne sont point meilleurs que les autres, jusqu'à ce que Dieu les discerne selon son conseil immuable, qu'il a déterminé en Jésus-Christ devant la création du monde (Ep 1.4; 2 Tm 1.9), et nul aussi ne se pourrait introduire un tel bien de sa propre vertu, vu que de nature nous ne pouvons avoir un seul bon mouvement, ni affection, ni pensée, jusqu'à ce que Dieu nous ait prévenus, et nous y ait disposés (Jr 10.23; Rm 9.16; Ep 1.4-5; 2 Tm 1.9; Ph 2.13 ; Tt 3.3).

21.
Nous croyons que nous sommes illuminés en la foi par la grâce secrète du Saint-Esprit (Ep 1.17-18; 1 Th 1.5; 2 P 1.3-4), tellement que c'est un don gratuit et particulier que Dieu départ ceux que bon lui semble (Rm 9.16, 18, 24, 25; 1 Co 4.7), en sorte que les fidèles n'ont de quoi s'en glorifier (Ep 2.8), étant obligés au double de ce qu'ils ont été préférés aux autres, même que la foi n'est pas seulement baillée par un coup aux élus pour les introduire au bon chemin, ains pour les y faire continuer aussi jusqu'au bout (1 Co 1.8-9). Car comme c'est Dieu de faire le commencement, aussi c'est à lui de parachever (Ph 1.6; 2.13).

24.
Nous croyons, puisque Jésus-Christ nous est donné pour seul avocat (1 Jn 2.1-2; 1 Tm 2.5; Ac 4.12) et qu'il nous commande de nous retirer privément en son Nom vers son Père (Jn 16.23-24), et même qu'il ne nous est pas licite de prier sinon en suivant la forme que Dieu nous a dictée par sa parole (Mt 6.9ss.; Lc 11.2ss.), que tout ce que les hommes ont imaginé de l'intercession des saints trépassés n'est qu'abus et fallace de Satan pour faire dévoyer les hommes de la forme de bien prier (Ac 10.25-26; 14.15; Ap 19.10; 22.8-9). Nous rejetons aussi tous autres moyens que les hommes présument avoir pour se racheter envers Dieu, comme dérogeant au sacrifice de la mort et passion de Jésus-Christ. Finalement nous tenons le purgatoire pour une lllusion procédée de cette même boutique, de laquelle sont aussi procédés les voeux monastiques, pèlerinages, défenses du mariage et de l'usage des viandes, l'observation cérémonieuse des jours, la confession auriculaire, les indulgences, et toutes autres telles choses par lesquelles on pense mériter grâce et salut (Mt 15.11; 6.16- 18; Ac 10.14-15; Rm 14.2; Ga 4.9-10; Col 2.18-23; 1 Tm 4.2-5). Lesquelles choses nous rejetons non seulement pour la fausse opinion du mérite qui y est attachée, mais aussi parce que ce sont inventions humaines, qui imposent joug aux consciences.

26.
Nous croyons donc que nul ne se doit retirer part et se contenter de sa personne, mais tous ensemble doivent garder et entretenir l'unité de l'Eglise, se soumettant l'instruction commune et au joug de Jésus-Christ (Ps 5.8; 22.23; 42.5; Ep 4.12; He 2.12), et ce en quelque lieu que Dieu aura établi un vrai ordre d'Église, encore que les Magistrats et leurs édits y soient contraires; et que tous ceux qui ne s'y rangent, ou s'en séparent, contrarient l'ordonnance de Dieu (Ac 4.17, 19, 20; He 10.25).

27.
Toutefois nous croyons qu'il convient discerner soigneusement et avec prudence qu'elle est la vraie Eglise, pour ce que par trop on abuse de ce titre (Ur 7.4, 8, 11, 12; Mt 3.8-10; 7.22, 24; 1 Co 3.10-11; Mi 2.10-12). Nous disons donc, suivant la Parole de Dieu, que c'est la compagnie des fidèles qui s'accordent suivre icelle Parole et la pure religion qui en dépend, et qui profitent en icelle tout le temps de leur vie, croissant et se confirmant en la crainte de Dieu, selon qu'ils ont besoin de s'avancer et marcher toujours plus outre (Ep 2.19-20; 4.11-12; 1 Tm 3.15; Dt 31.12); même, quoi qu'ils s'efforcent, qu'il leur convient avoir incessamment recours à la rémission de leurs péchés (Rm 3). Néanmoins, nous ne nions point que parmi les fidèles il n'y ait des hypocrites et réprouvés, desquels la malice ne peut effacer le titre d'Église (Mt 13; 2 Tm 2.18-20).

28.
Sous cette croyance nous protestons que là où la Parole de Dieu n'est reçue et qu'on ne fait nulle profession de s'assujettir à icelle, et où il n'y a nul usage des sacrements, à parler proprement, on ne peut juger qu'il y ait aucune Eglise (Mt 10.14-15; Jn 10; 1 Co 3.10-13; Ep 2.19-21). Pourtant nous condamnons les assemblées de la Papauté vu que la pure vérité de Dieu en est bannie, èsquelles les sacrements sont corrompus, abâtardis, falsifiés ou anéantis du tout, et èsquelles toutes superstitions et idolâtries ont la vogue. Nous tenons donc que tous ceux qui se mêlent en tels actes et y communiquent, se séparent et retranchent du corps de Jésus-Christ (2 Co 6.14-16; l Co 6.15). Toutefois parce qu'il reste encore quelque petite trace d'Église en la Papauté et même que la substance du baptême y est demeurée, joint que l'efficace et vertu du baptême ne dépend de celui qui l'administre (Mt 3.11; 28.19; Mc 1.8; Ac 1.5; 11.15-17; 19.4-5; 1 Co 1.13), nous confessons ceux qui y sont baptisés n'avoir besoin d'un second baptême. Cependant cause des corruptions qui y sont, on n'y peut présenter les enfants sans se polluer.

29.
Quant est de la vraie Eglise, nous croyons qu'elle doit être gouvernée selon la police que notre Seigneur Jésus a établie (Ac 6.3- 4; Ep 4.11; 1 Tm 3.1-13; Tt 1.5-9; 1 Co 12), c'est qu'il y ait des pasteurs, des surveillants et diacres, afin que la pureté de doctrine ait son cours, que les vices soient corrigés et réprimés, et que les pauvres et tous autres affligés soient secourus en leurs nécessités, et que les assemblées se fassent au nom de Dieu, èsquelles grands et petits soient édifiés.

30.
Nous croyons tous vrais pasteurs, en quelque lieu qu'ils soient, avoir même autorité et égale puissance sous un seul chef, seul souverain et seul universel évêque, Jésus-Christ (Mt 20.20-28; 1 Co 3.4-9; 4.1; Ep 1.22; Col 1.18-19). Et pour cette cause que nulle Eglise ne doit prétendre aucune domination ou seigneurie sur l'autre.

34.
Nous croyons que les sacrements sont ajoutés à la Parole pour plus ample confirmation, afin de nous être gages et méreaux de la grâce de Dieu et par ce moyen aider et soulager notre foi, cause de l'infirmité et rudesse qui est en nous (Ex 12; Mt 26.26-27; Rm 4.11; 1 Co 11.23-24); et qu'ils sont tellement signes extérieurs que Dieu besogne par iceux en la vertu de son Esprit, afin de nous y rien signifier en vain (Ac 22.16; Ga 3.27; Ep 5.26). Toutefois, nous tenons que toute leur substance et vérité est en Jésus-Christ et si on les en sépare, ce n'est plus rien qu'ombrage et fumée.

35.
Nous en confessons seulement deux, communs toute l'Église, desquels le premier, qui est le baptême, nous est donné pour témoignage de notre adoption, parce que là nous sommes entés au corps de Christ, afin d'être lavés et nettoyés par son sang, et puis renouvelés en sainte vie par son Esprit (Rm 6.3-4; Ac 22.16; Tt 3.5; Ep 5.26). Nous tenons aussi, combien que nous ne soyons baptisés qu'une fois, que le profit qui nous est là signifié s'étend la vie et la mort, afin que nous ayons une signature permanente, que Jésus-Christ nous sera toujours justice et sanctification (Rm 4; 6.22-23). Or combien que ce soit un sacrement de foi et de pénitence (Mt 3.11; Mc 1.4; 16.16; Lc 3.3; Ac 13.24; 19.4), néanmoins pour ce que Dieu recoit en son Église les petits enfants avec leurs pères (Mt 19.14; 1 Co 7.14), nous disons que par l'autorité de Jésus-Christ les petits enfants engendrés des fidèles doivent être baptisés.

36.
Nous confessons que la sainte cène, qui est le second sacrement, nous est témoignage de l'unité que nous avons avec Jésus-Christ (1 Co 10.16-17; 11.24), d'autant qu'il n'est pas seulement une fois mort et ressuscité pour nous, mais aussi nous repaît et nourrit vraiment de sa chair et de son sang, ce que nous soyons un avec lui et que sa vie nous soit commune (Jn 6.55-57; 17.21; Rm 8.32). Or combien qu'il soit au ciel jusqu'à ce qu'il vienne pour juger tout le monde (Mc 16.19; Ac 1.2-11; 3.21), toutefois nous croyons que par la vertu secrète et incompréhensible de son Esprit il nous nourrit et vivifie de la substance de son corps et de son sang (1 Co 10.16; Jn 6.35). Nous tenons bien que cela se fait spirituellement, non pas pour mettre au lieu de l'effet et de la vérité imagination ni pensée, mais d'autant que ce mystère surmonte en sa hautesse la mesure de notre sens et tout ordre de nature, bref, pour ce qu'il est céleste, ne peut être appréhendé que par foi.

Texte largement dû à la plume de Calvin
et toujours en usage dans les Églises Réformées de France (orthographe modernisée).