Confession de Foi des Églises Réformées de France, dite
« Confession
de La Rochelle », 1571.
1.
Nous croyons et confessons qu'il y a un seul Dieu (Dt 4.35,
39; 1 Co 8.4, 6), qui est une seule et simple essence (Gn 1.3; Ex 3.14) spirituelle (Jn 4.24; 2 Co 3.17),
éternelle (Rm 1.20), invisible (1 Tm 1.17), immuable (Ml 3.6; Nb 23.19), infinie, incompréhensible (Rm
11.33; Ac 7.48; 17.23), ineffable, qui peut toutes choses (Jr 10.7, 10; Lc 1.37), qui est toute sage (Rm 16.27), toute
bonne (Mt 19.17), toute juste (Jr 12.1; Ps 119.137), et toute miséricordieuse (Ex 34.6-7).
2.
Ce Dieu se manifeste tel aux hommes, premièrement par
ses oeuvres, tant par la création que par la conservation et conduite d'icelles (Rm 1.19-20). Secondement et
plus clairement par sa parole (Rm 15.4; Jn 5.39; He 1.1), laquelle au commencement révélée par
oracle (Gn 15.1; 3.15; 18.1), a été puis après rédigée par écrit ès
livres que nous appelons Écriture Sainte (Ex 24.3-4; Rm 1.2).
5.
Nous croyons que la parole qui est contenue en ces livres
est procédée de Dieu (2 Tm 3.16-17; 1 P 1.11-12; 2 P 1.20-21), duquel seul elle prend son autorité
et non des hommes (Jn 3.26-31; Jn 5.33-34; 1 Tm 1.15). Et d'autant qu'elle est règle de toute
vérité contenant tout ce qui est nécessaire pour le service de Dieu et notre salut (Jn 15.15; Jn
20.31; Ac 20.27), il n'est loisible aux hommes, ni même aux anges, d'y ajouter, diminuer ou changer (Dt 4.2;
12.32; Ga 1.8; Pr 30.6; Ap 22.18-19). Dont il s'ensuit que ni l'antiquité ni les coutumes, ni la multitude, ni
la sagesse, ni les jugements, ni les arrêts, ni les édits, ni les décrets, ni les conciles, ni les
visions, ni les miracles ne doivent être opposés icelle Ecriture Sainte (Mt 15.9; Ac 5.28-29). Ainsi au
contraire toutes choses doivent être examinées, réglées et réformées selon
icelle (1 Co 11.2, 23). Et suivant cela nous avouons les trois Symboles, savoir des Apotres, de Nicée et
d'Athanase, parce qu'ils sont conformes la parole de Dieu.
12.
Nous croyons que de cette corruption et condamnation
générale en laquelle tous hommes sont plongés, Dieu retire ceux lesquels en son conseil
éternel et immuable il a élus par sa seule bonté et miséricorde en notre Seigneur
Jésus-Christ, sans considération de leurs oeuvres (Jr 1.5; Rm 8.28-30 et tout le ch. 9; Ep 1.4-5; Rm
3.28; 2 Tm 1.9; Tt 3.5), laissant les autres en icelle même corruption et condamnation, pour démontrer en
eux sa justice (Ex 9.16; Rm 9.22; 2 Tm 2.20), comme ès premiers il fait luire les richesses de sa
miséricorde (Ep 1.7; Rm 3.22-23; 9.23). Car les uns ne sont point meilleurs que les autres, jusqu'à ce
que Dieu les discerne selon son conseil immuable, qu'il a déterminé en Jésus-Christ devant la
création du monde (Ep 1.4; 2 Tm 1.9), et nul aussi ne se pourrait introduire un tel bien de sa propre vertu, vu
que de nature nous ne pouvons avoir un seul bon mouvement, ni affection, ni pensée, jusqu'à ce que Dieu
nous ait prévenus, et nous y ait disposés (Jr 10.23; Rm 9.16; Ep 1.4-5; 2 Tm 1.9; Ph 2.13 ; Tt 3.3).
21.
Nous croyons que nous sommes illuminés en la foi par
la grâce secrète du Saint-Esprit (Ep 1.17-18; 1 Th 1.5; 2 P 1.3-4), tellement que c'est un don gratuit et
particulier que Dieu départ ceux que bon lui semble (Rm 9.16, 18, 24, 25; 1 Co 4.7), en sorte que les
fidèles n'ont de quoi s'en glorifier (Ep 2.8), étant obligés au double de ce qu'ils ont
été préférés aux autres, même que la foi n'est pas seulement baillée
par un coup aux élus pour les introduire au bon chemin, ains pour les y faire continuer aussi jusqu'au bout (1
Co 1.8-9). Car comme c'est Dieu de faire le commencement, aussi c'est à lui de parachever (Ph 1.6; 2.13).
24.
Nous croyons, puisque Jésus-Christ nous est
donné pour seul avocat (1 Jn 2.1-2; 1 Tm 2.5; Ac 4.12) et qu'il nous commande de nous retirer privément
en son Nom vers son Père (Jn 16.23-24), et même qu'il ne nous est pas licite de prier sinon en suivant la
forme que Dieu nous a dictée par sa parole (Mt 6.9ss.; Lc 11.2ss.), que tout ce que les hommes ont
imaginé de l'intercession des saints trépassés n'est qu'abus et fallace de Satan pour faire
dévoyer les hommes de la forme de bien prier (Ac 10.25-26; 14.15; Ap 19.10; 22.8-9). Nous rejetons aussi tous
autres moyens que les hommes présument avoir pour se racheter envers Dieu, comme dérogeant au sacrifice
de la mort et passion de Jésus-Christ. Finalement nous tenons le purgatoire pour une lllusion
procédée de cette même boutique, de laquelle sont aussi procédés les voeux
monastiques, pèlerinages, défenses du mariage et de l'usage des viandes, l'observation
cérémonieuse des jours, la confession auriculaire, les indulgences, et toutes autres telles choses par
lesquelles on pense mériter grâce et salut (Mt 15.11; 6.16- 18; Ac 10.14-15; Rm 14.2; Ga 4.9-10; Col
2.18-23; 1 Tm 4.2-5). Lesquelles choses nous rejetons non seulement pour la fausse opinion du mérite qui y est
attachée, mais aussi parce que ce sont inventions humaines, qui imposent joug aux consciences.
26.
Nous croyons donc que nul ne se doit retirer part et se
contenter de sa personne, mais tous ensemble doivent garder et entretenir l'unité de l'Eglise, se soumettant
l'instruction commune et au joug de Jésus-Christ (Ps 5.8; 22.23; 42.5; Ep 4.12; He 2.12), et ce en quelque lieu
que Dieu aura établi un vrai ordre d'Église, encore que les Magistrats et leurs édits y soient
contraires; et que tous ceux qui ne s'y rangent, ou s'en séparent, contrarient l'ordonnance de Dieu (Ac 4.17,
19, 20; He 10.25).
27.
Toutefois nous croyons qu'il convient discerner
soigneusement et avec prudence qu'elle est la vraie Eglise, pour ce que par trop on abuse de ce titre (Ur 7.4, 8, 11,
12; Mt 3.8-10; 7.22, 24; 1 Co 3.10-11; Mi 2.10-12). Nous disons donc, suivant la Parole de Dieu, que c'est la compagnie
des fidèles qui s'accordent suivre icelle Parole et la pure religion qui en dépend, et qui profitent en
icelle tout le temps de leur vie, croissant et se confirmant en la crainte de Dieu, selon qu'ils ont besoin de
s'avancer et marcher toujours plus outre (Ep 2.19-20; 4.11-12; 1 Tm 3.15; Dt 31.12); même, quoi qu'ils
s'efforcent, qu'il leur convient avoir incessamment recours à la rémission de leurs péchés
(Rm 3). Néanmoins, nous ne nions point que parmi les fidèles il n'y ait des hypocrites et
réprouvés, desquels la malice ne peut effacer le titre d'Église (Mt 13; 2 Tm 2.18-20).
28.
Sous cette croyance nous protestons que là où
la Parole de Dieu n'est reçue et qu'on ne fait nulle profession de s'assujettir à icelle, et où il
n'y a nul usage des sacrements, à parler proprement, on ne peut juger qu'il y ait aucune Eglise (Mt 10.14-15; Jn
10; 1 Co 3.10-13; Ep 2.19-21). Pourtant nous condamnons les assemblées de la Papauté vu que la pure
vérité de Dieu en est bannie, èsquelles les sacrements sont corrompus, abâtardis,
falsifiés ou anéantis du tout, et èsquelles toutes superstitions et idolâtries ont la vogue.
Nous tenons donc que tous ceux qui se mêlent en tels actes et y communiquent, se séparent et retranchent
du corps de Jésus-Christ (2 Co 6.14-16; l Co 6.15). Toutefois parce qu'il reste encore quelque petite trace
d'Église en la Papauté et même que la substance du baptême y est demeurée, joint que
l'efficace et vertu du baptême ne dépend de celui qui l'administre (Mt 3.11; 28.19; Mc 1.8; Ac 1.5;
11.15-17; 19.4-5; 1 Co 1.13), nous confessons ceux qui y sont baptisés n'avoir besoin d'un second baptême.
Cependant cause des corruptions qui y sont, on n'y peut présenter les enfants sans se polluer.
29.
Quant est de la vraie Eglise, nous croyons qu'elle doit
être gouvernée selon la police que notre Seigneur Jésus a établie (Ac 6.3- 4; Ep 4.11; 1 Tm
3.1-13; Tt 1.5-9; 1 Co 12), c'est qu'il y ait des pasteurs, des surveillants et diacres, afin que la pureté de
doctrine ait son cours, que les vices soient corrigés et réprimés, et que les pauvres et tous
autres affligés soient secourus en leurs nécessités, et que les assemblées se fassent au
nom de Dieu, èsquelles grands et petits soient édifiés.
30.
Nous croyons tous vrais pasteurs, en quelque lieu qu'ils
soient, avoir même autorité et égale puissance sous un seul chef, seul souverain et seul universel
évêque, Jésus-Christ (Mt 20.20-28; 1 Co 3.4-9; 4.1; Ep 1.22; Col 1.18-19). Et pour cette cause que
nulle Eglise ne doit prétendre aucune domination ou seigneurie sur l'autre.
34.
Nous croyons que les sacrements sont ajoutés à
la Parole pour plus ample confirmation, afin de nous être gages et méreaux de la grâce de Dieu et
par ce moyen aider et soulager notre foi, cause de l'infirmité et rudesse qui est en nous (Ex 12; Mt 26.26-27;
Rm 4.11; 1 Co 11.23-24); et qu'ils sont tellement signes extérieurs que Dieu besogne par iceux en la vertu de
son Esprit, afin de nous y rien signifier en vain (Ac 22.16; Ga 3.27; Ep 5.26). Toutefois, nous tenons que toute leur
substance et vérité est en Jésus-Christ et si on les en sépare, ce n'est plus rien
qu'ombrage et fumée.
35.
Nous en confessons seulement deux, communs toute
l'Église, desquels le premier, qui est le baptême, nous est donné pour témoignage de notre
adoption, parce que là nous sommes entés au corps de Christ, afin d'être lavés et
nettoyés par son sang, et puis renouvelés en sainte vie par son Esprit (Rm 6.3-4; Ac 22.16; Tt 3.5; Ep
5.26). Nous tenons aussi, combien que nous ne soyons baptisés qu'une fois, que le profit qui nous est là
signifié s'étend la vie et la mort, afin que nous ayons une signature permanente, que Jésus-Christ
nous sera toujours justice et sanctification (Rm 4; 6.22-23). Or combien que ce soit un sacrement de foi et de
pénitence (Mt 3.11; Mc 1.4; 16.16; Lc 3.3; Ac 13.24; 19.4), néanmoins pour ce que Dieu recoit en son
Église les petits enfants avec leurs pères (Mt 19.14; 1 Co 7.14), nous disons que par l'autorité
de Jésus-Christ les petits enfants engendrés des fidèles doivent être baptisés.
36.
Nous confessons que la sainte cène, qui est le second
sacrement, nous est témoignage de l'unité que nous avons avec Jésus-Christ (1 Co 10.16-17; 11.24),
d'autant qu'il n'est pas seulement une fois mort et ressuscité pour nous, mais aussi nous repaît et
nourrit vraiment de sa chair et de son sang, ce que nous soyons un avec lui et que sa vie nous soit commune (Jn
6.55-57; 17.21; Rm 8.32). Or combien qu'il soit au ciel jusqu'à ce qu'il vienne pour juger tout le monde (Mc
16.19; Ac 1.2-11; 3.21), toutefois nous croyons que par la vertu secrète et incompréhensible de son
Esprit il nous nourrit et vivifie de la substance de son corps et de son sang (1 Co 10.16; Jn 6.35). Nous tenons bien
que cela se fait spirituellement, non pas pour mettre au lieu de l'effet et de la vérité imagination ni
pensée, mais d'autant que ce mystère surmonte en sa hautesse la mesure de notre sens et tout ordre de
nature, bref, pour ce qu'il est céleste, ne peut être appréhendé que par foi.
Texte largement dû à la plume de Calvin
et toujours en usage dans les Églises Réformées de France (orthographe modernisée).
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