Ce qui retient Nina.
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Lui - Ta poitrine sur ma poitrine,
Ayant de l'air plein la narine,
Du bon matin bleu, qui vous baigne
Quand tout le bois frissonnant saigne
De chaque branche, gouttes vertes,
On sent dans les choses ouvertes
Tu plongerais dans la luzerne
Divine avec ce bleu qui cerne
Amoureuse de la campagne,
Comme une mousse de champagne,
Riant à moi, brutal d'ivresse,
Comme cela, - la belle tresse,
Ton goût de framboise et de fraise,
Riant au vent vif qui te baise
Au rose églantier qui t'embête
Comme moi, petite tête,
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- Ta poitrine sur ma poitrine,
Lents, nous gagnerions la ravine,
Puis, comme une petite morte,
Tu me dirais que je te porte,
Je te porterais, palpitante,
L'oiseau filerait son andante,
Je te parlerais dans ta bouche :
Ton corps, comme une enfant qu'on couche,
Qui coule, bleu, sous ta peau blanche
Te parlant bas la langue franche....
Nos grands bois sentiraient la sève
Sablerait d'or fin leur grand rêve
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Le soir ?... Nous reprendrons la route
Flânant, comme un troupeau qui broute,
Nous regagnerions le village
Et ça sentirait le laitage
Ça sentirait l'étable, pleine
Pleine d'un rhythme lent d'haleine,
Blanchissant sous quelque lumière ;
Une vache fienterait, fière,
- Les lunettes de la grand'mère
Dans son missel : le pot de bière
Moussant entre trois larges pipes
Fument : les effroyables lippes
Happent le jambon aux fourchettes
Le feu qui claire les couchettes
Les fesses luisantes et grasses
Qui fourre, à genoux, dans des tasses,
Frôlé par un mufle qui gronde
Et pourlèche la face ronde
Noir, rogue, au bord de sa chaise,
Une vieille devant la braise
Que de choses nous verrions, chère,
Quand la flamme illumine, claire
- Et puis, fraîche et toute nichée
La maison, la vitre cachée,
Tu viendras, tu viendras, je t'aime !
Tu viendras, n'est-ce pas ? et même...
Elle - - - Mais le bureau ?
15 août 1870
Arthur Rimbaud