Proposition de corrigé du devoir
Aussi divers que puissent paraître
les cinq textes dont létude constitue la base de la séquence
(deux, bien différents, de Montesquieu, le monologue de Figaro
de Beaumarchais, un extrait de larticle « Torture »
du Dictionnaire philosophique de Voltaire et la « Modeste Proposition... »
de Jonathan Swift), il existe entre eux au moins quatre points communs.
Le premier est que tous datent de la même époque.
Il suffit, pour sen convaincre de regarder les dates, qui sétalent
de 1721 (la Régence) à 1784 (la veille de la Révolution).
Ces écrits nous viennent tous du XVIIIe siècle, dit également
« le siècle des Lumières ».
Le second est que chaque texte appartient au registre polémique.
Chacun deux a un ennemi, et sy attaque dans le but de faire
comprendre au lecteur ce qua de mauvais tel ou tel fait, telle
ou telle pratique, tel ou tel état de la société.
Il ne sagit nullement de récits ni de poèmes, mais
bien de textes de réflexion, et nullement de réflexion
abstraite : non, cest toujours de la réalité
quil est question, et de réalité à changer.
Voltaire ne réfléchit pas plus sur la torture, son histoire,
etc. que Montesquieu ne se pose de questions métaphysiques sur
l'esclavage : ils se battent pour la suppression de ces pratiques,
et demandent tous, au fond, une convention « en faveur de
la misˇricorde et de la pitiˇ» (Montesquieu).
Troisièmement, ces ennemis sont tous du même
ordre : il sagit dans tous les cas dune injustice ou
dune absurdité sociale, dun abus de pouvoir :
la censure ou les privilèges de la noblesse pour Beaumarchais,
la toute-puissance du roi de France et celle du pape, puis lesclavage
pour Montesquieu, la torture chez Voltaire, la misère pour tous,
et en particulier pour Swift.
Enfin, puisquil sagit de textes de combat, ils
utilisent une arme. Et tous la même : il sagit de lironie.
Soit elle est distillée à petites doses comme dans le
monologue de Figaro ou larticle « Torture »
(« Cela fait toujours passer une heure ou deux ») ;
soit elle constitue le fond même du passage, sa structure essentielle,
comme dans « De lEsclavage des nègres »
de Montesquieu ou la « Modeste proposition », deux
textes quil faut bien faire attention de ne pas prendre au premier
degré.
On peut conclure de tout ce qui précède que
ces textes sont, chacun à leur manière, représentatifs
du combat philosophique, mené au XVIIIe siècle par des
intellectuels épris de liberté et de justice, et qui utilisèrent
lironie comme une arme au service de leur idéal.
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