Contrôle final de la séquence
sur les Lumières et l'ironie

Correction

 

 

1. Quel est le nom du mouvement intellectuel allemand dont le nom évoque « les Lumières » ? [2]

L'Aufklärung

 

2. Citez trois Philosophes français dont nous n'avons pas étudié de texte. [3]

Diderot, Jean-Jacques Rousseau, La Mettrie, d'Holbach, Helvétius, etc.

 

3. Qu'est-ce qu'un mouvement littéraire ? [3]

Un regroupement d'écrivains de la même époque qui ont un certain nombre d'idées et de formes d'écriture en commun.

 

Au chapitre XIV, Cacambo parle à Candide du gouvernement des Jésuites au Paraguay.

C'est une chose admirable que ce gouvernement. Le royaume a déjà plus de trois cents lieues de diamètre ; il est divisé en trente provinces. Los Padres y ont tout, et les peuples rien ; c'est le chef-d'oeuvre de la raison et de la justice. Pour moi, je ne vois rien de si divin que Los Padres, qui font ici la guerre au roi d'Espagne et au roi de Portugal, et qui en Europe confessent ces rois ; qui tuent ici des Espagnols, et qui à Madrid les envoient au ciel : cela me ravit ; avançons : vous allez être le plus heureux de tous les hommes. Quel plaisir auront Los Padres quand ils sauront qu'il leur vient un capitaine qui sait l'exercice bulgare !

Voltaire

4. Relevez dans le texte ci-dessus au moins deux procédés ironiques et donnez-en une explication précise. [4]

Le discours de Cacambo se caractérise par une ironie mordante. Relevons les deux procédés suivants :

  • Très classiquement, l'antiphrase marque la notation centrale de Cacambo : « Los Padres y ont tout, et les peuples rien ; c'est le chef-d'oeuvre de la raison et de la justice. » Elle est d'ailleurs renforcée par une hyperbole (« le chef d'oeuvre »). Que les Jésuites, religieux, aient volé les terres des autochtones, ne sauraient en aucun cas être un signe de raison, et encore moins de justice. C'est bien sûr le contraire qu'il faut comprendre : fanatisme et injustice.
  • L'antithèse est une autre forme : « Los Padres, qui font ici la guerre au roi d'Espagne et au roi de Portugal, et qui en Europe confessent ces rois ; qui tuent ici des Espagnols, et qui à Madrid les envoient au ciel ». Selon la situation les Jésuites ont des attitudes opposées : ils confessent les rois et les habitants de l'Espagne et du Portugal en Europe et les combattent en Amérique du sud. Voltaire reprend là une critique classique contre les Jésuites : on les accuse souvent de ne pas avoir d'idéal et de changer d'attitude et d'opinion en fonction des circonstances.

 

5. A l'imitation du texte de Voltaire, décrivez en quelques lignes ironiques une institution contemporaine (académie, gouvernement, association, mouvement politique, etc.) [8]

[Attention surtout à mettre en place des indices de l'intention ironique, sinon le texte apparaîtra soit comme une simple critique, soit comme la revendication inverse de celle que l'on veut exprimer (danger du fonctionnement de l'antiphrase).]

C'est une chose admirable que l'Académie française. Quarante hommes usés y occupent quarante fauteuils usagés. Ils y entrent appuyés sur une canne et en sortent les pieds devant ; entre temps on les nomme « immortels ». Tous, généraux, amiraux, hommes de télévision, ont rendu les plus grands services à la langue et à la littérature française. La plupart en n'écrivant rien du tout, les autres en n'étant pas lus. Ils rédigent depuis 1635 un dictionnaire absolument nécessaire et essentiel, dont on ignore toujours l'endroit où on pourrait se le procurer. Quand l'un de ces hommes meurt, quelqu'un d'autre le remplace. Ainsi perdure l'absolu, ainsi se prolonge l'inutile.