Nulle paix je ne trouve, et je n'ai pas de guerre
à faire :
Je crains et j'espère ; je
brûle et je suis de glace.
Et je vole au plus haut des cieux, et je gis à terre ;
Et je n'étreins nulle chose, et j'embrasse le monde entier.
Qui me garde en prison la porte ne m'ouvre ni ne ferme,
Ni ne me tient pour sien, ni ne défait les liens ;
Amour ne me tue pas et ne m'ôte pas mes fers,
Ne me veut pas vivant, et ne vient pas à mon secours.
Je vois et n'ai point d'yeux, et sans langue je
crie ;
Et je désire périr, et demande de l'aide ;
Et pour moi je n'ai que haine et pour autrui qu'amour
Je me repais de ma douleur, et en pleurant je ris ;
Également m'insupportent vie et mort :
En cet état je suis, Madame, pour vous.
Pétrarque,
traduction Jean-Claude Monneret
Ronsard et du Bellay
ont donné chacun une version française de ce texte.
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