0.2 Histoire : l'invention du raccord

Le cinéma débute par des vues. Il s'agit de prises de vue d'un seul tenant, sortes de diapostives animées. Assez vite, chez les Lumière comme chez leurs suiveurs imméiats, des embryons de montage apparaissent : la caméra est déplacée au milieu de la bobine et le tournage reprend. Voyez par exemple la vue Rough Sea At Dover de Birt Acres.

 

 

Assez vite les vues sont mises bout à bout pour constituer des tableaux sur le modèle de la scène de théâtre. Mais rien n'est pensé quant à leur relation. Le premier s'interrompt quand l'action qu'il montre est achevée. Rien ne passe de l'un à l'autre. Ceci ne va pas sans problème.

 

Ainsi dans L'Histoire d'un Crime de Pathé, la succession construit difficlement un sens. Le spectateur doit s'investir pour comptendre dans chaque tableau qui est qui et ce qui se passe.

 

De même dans La Vie d'un Pompier Américain (1902) , Edwin S. Porter, pour montrer un sauvetage de l'intérieur et de l'extérieur de la maison en feu, est obligé de le dédoubler, d'en montrer deux, l'un de l'intérieur et l'autre de l'extérieur.

 

 

Le même, en 1903, réalise le premier western, The Great Train Robbery. L'absence de raccord fait qu'il est impossible de comprendre, au début du plan 9, qui sont ces gens qui dansent et prennent une joie violente (les coups de pistolets tirés sous les pieds du nouvel arrivant pour le faire danser) : on pense qu'il s'agit des bandits alors qu'en fait ce sont les villageois qui vont les poursuivre (c'est l'arrivée du télégraphiste à la fin du tableau qui le révèle) .

Mais très vite les premiers raccords apparaissent. Dans un autre western, , on observe le premier raccord dans l'axe (du moins un axe parallèle).

 

 

En 1909, dans The Sealed Room, D. W. Griffith raconte l'histoire d'un roi qui construit une alcove pour sa bien-aimée. Mais quand celle-ci l'y trompe avec un ménestrel, il fait murer les amants dans la pièce. La caméra filme en alternance la pièce précédant l'alcove et cette dernière. Au début du film les deux axes optiques sont quasi-parallèles, on ne voit pas le mur. Mais à la fin on distingue, dans la pièce de droite, les pierres qui scellent la porte. les axes se sont donc inclinés l'un vers l'autre : on assiste ici à la naissance du champ-contrechamp.

 

 

Le même invente le montage alterné dans The Lonedale Operator, mais aussi dans d'autres films, comme A Girl and Her Trust.

 

 

Griffith enfin crée le montage parallèle dans son grand film Intolérance (1916). Il y fait alterner quatre histoires qui se passent à des époques différentes

    • au temps de Nabuchodonosor
    • au temps du Christ
    • au temps des guerres de Religion françaises
    • aux temps modernes

En 1920 tous les fondements du montage sont inventés.

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